jeudi 12 décembre 2013

Singapour voit son image se lézarder inexorablement

Louée, pendant des années, comme un havre de prospérité, Singapour voit son image se lézarder inexorablement. Dans la nuit de dimanche à lundi, la cité-Etat asiatique a ainsi été le théâtre de heurts entre plusieurs centaines de travailleurs étrangers et la police, relate Voice of America – du jamais-vu depuis les émeutes raciales de 1969 entre la majorité chinoise et la minorité malaise (au moins quatre morts et 80 blessés). Ces échauffourées, qui ont entraîné l'arrestation de 27 personnes, ont été déclenchées par la mort d'un ressortissant indien, écrasé par un bus dans le quartier de "Little India", où se rassemblent d'ordinaire les employés du bâtiment venus du sous-continent pendant leur pause dominicale. De l'avis de la plupart des analystes, dont le Wall Street Journal se fait l'écho, elles témoignent d'une fissure dans le tissu social, consécutive au poids croissant des étrangers dans l'économie nationale. De fait, rappelle Bloomberg, la population singapourienne a bondi de 1,1 million à près de 5,3 millions depuis la mi-2004, principalement grâce aux travailleurs immigrés. Lesquels représentent aujourd'hui près d'un tiers de la main-d'œuvre totale. Or, pour beaucoup d'entre eux, Singapour n'a rien d'un paradis. Ce serait même plutôt l'inverse. Cadences infernales, piètres salaires : leurs conditions de travail sont peu enviables, souligne le Global Post.