dimanche 15 septembre 2013

Scotchés au bureau : le "présentéisme", cet autre mal français dont on ne parle jamais (et qui étonne tant nos voisins)

Atlantico : Selon un rapport paru en juillet et publié par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), l’ensemble des Français travaillent plus que la moyenne des Européens. Finir tard et emporter du travail avec soi serait une habitude hexagonale. Quelles raisons peuvent expliquer ce "présentéisme" ? Ce phénomène est-il propre à la crise ? 

Denis Monneuse : Les motivations sont diverses. Les 35H ont intensifié le travail sur un nombre de jours plus faible, du fait des RTT. La masse de travail à fournir a eu tendance à augmenter avec la crise car certains postes ne sont pas remplacés, ce qui pousse les gens soit à travailler plus tard, soit à emporter du travail chez eux le soir, en week-end ou en vacances pour pouvoir abattre la même charge de travail que lorsqu’il y avait moins de RTT. La pression sociale est plus forte en période de crise économique car la crainte de perdre son travail est plus importante et la peur d’être mal vu par son patron peut renforcer le "présentéisme". Ce phénomène existait déjà mais la crise l’a renforcé. *


Pourquoi quitter tôt son travail est-il mal vu chez nous ? Y a-t-il en France un "management de la culpabilisation" ? 


Quitter son travail tôt peut être mal vu de la part des collègues qui éprouvent de la jalousie. Lorsqu’on entend des phrases telles que "tiens tu as pris ton après-midi" à quelqu’un qui part à 18h, il y a un signe de jalousie de la part des collègues qui, eux, n’ont pas fini ou qui ont l’impression que la charge de travail est mal répartie. Ce phénomène peut être plus important en France car notre pays est marqué par la logique de l’honneur. Il faut prouver notre valeur. Rester plus tard peut permettre de montrer qu’on a un poste plus important, des responsabilités, qu’il faut travailler plus que les autres. Le "présentéisme" permet de "prouver sa valeur". On le remarque bien chez les cadres. Le nombre de cadres n’a cessé d’augmenter. En France, on est très attaché à la notion de cadre et le nombre de cadres est très important. Comme tout le monde devient cadre, la valeur relative par rapport aux professions intermédiaires, aux employés ou aux ouvriers est plus faible. Pour montrer qu’on est un vrai cadre et que ce n’est pas juste un statut que l’on a obtenu, il faut prouver que l’on est prêt à ne pas compter ses heures. C’est un signe de valeur par rapport aux autres. 


Comment expliquer que la situation est différente ailleurs, notamment dans les pays nordiques ? 


Je pense que la préoccupation du bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée est plus développée dans les pays nordiques et les pays anglo-saxons alors que cet équilibre est légitime. C’est un signe qui montre que ce n’est pas encore intégré, il y a un effet de "bizutage" où les personnes plus âgées regrettent d’avoir consacré une part trop importante de leur vie au travail, sont jalouses et veulent que les autres fassent comme elles pour se sentir moins seules dans cette démarche. 


Le temps passé au travail est-il un indicateur de la qualité de son travail et de l’efficacité ? 


Non, au contraire. De plus en plus d’études montrent que le temps passé au travail peut aboutir à une baisse de productivité. Tout le monde est perdant car les salariés restent plus longtemps au travail, ont un moins bon équilibre de vie, plus de difficultés à prendre du recul sur leur travail et moins de créativité. L’entreprise perd à avoir des salariés moins créatifs et moins productifs. Un exemple de pays où il y a un fort présentéisme est le Japon. Les gens restent très tard le soir pour montrer qu’ils sont capables de travailler beaucoup mais la productivité dans les bureaux est beaucoup plus faible que ce que l’on pourrait imaginer. Finir tard entraîne de la fatigue, un manque de concentration donc un manque de productivité et de créativité. On peut imaginer qu’un salarié qui termine tard est un salarié plus lent et mal organisé mais ce n’est pas encore vraiment le cas dans la plupart des entreprises françaises. Un autre effet pervers du présentéisme est l’une des causes du "plafond de verre" chez les femmes car le présentéisme est une pratique plutôt masculine. Comme les femmes s’occupent souvent des enfants et de la maison, elles peuvent difficilement rester plus tard le soir. Cela peut être interprété comme un moindre investissement des femmes au travail et peut expliquer qu’on leur confie moins de responsabilités. Les Anglais appellent le présentéisme le competitive presenteism pour montrer qu’il y a une concurrence mise en place dans certaines entreprises à celui qui reste le plus tard le soir pour être le mieux vu. On entre alors dans une spirale infernale où il faut rester plus tard que les autres pour se faire bien voir.


http://www.atlantico.fr/decryptage/scotches-au-bureau-presenteisme-cet-autre-mal-francais-dont-on-ne-parle-jamais-et-qui-etonne-tant-nos-voisins-denis-monneuse-841103.html#pAdQzheROgBsywdd.99

jeudi 5 septembre 2013

La France compte 3 des 6 meilleures écoles au monde pour former... les grands patrons

Polytechnique, HEC et l'ENA se classent respectivement 4e, 5e et 6e du classement des meilleurs établissements internationaux pour former les dirigeants des grandes entreprises, établi par la revue Times Higher Education.
S'il y a bien un domaine où l'expertise française est reconnue, c'est dans la formation des élites. Une étude du mensuel britannique Times Higher Education va dans ce sens. La revue a établi un palmarès des écoles et des universités ayant formé le plus de dirigeants à la tête des plus grosses entreprises mondiales. Et sur les six premières, trois sont françaises.
L'X a formé plus de grands patrons que le MIT
Il s'agit de Polytechnique, HEC et l'Ena, qui occupent respectivement les 4e,5e et 6e places. Autrement dit, l'X a formé plus de grands patrons que le MIT (Massachusetts Institute of Technology, classé 8e) ... En tout, sur 100 universités et écoles, 8 françaises sont représentées.
Devant elles, Harvard occupe sans surprise la première place du podium suivie de l'université de Tokyo puis de Stanford. Les formations britanniques pourtant réputées, comme celles dispensées à Oxford ou Cambridge ne se placent qu'à la 21e et 45e position (...)