mardi 23 avril 2013

En entreprise, les râleurs sont meilleurs


 Le Monde
On ne se réjouira jamais assez de cette formidable étude tout juste publiée par Leadership IQ, un cabinet de conseil d'Atlanta aux Etats-Unis. Les employés qualifiés de très engagés, prêts à se donner à 100 % pour leur entreprise, satisfaits de tout et en particulier de leur chef, sont aussi les plus mauvais. Leurs performances les situent dans le troisième groupe défini par Leadership IQ, celui des faibles. En revanche, les râleurs, les jamais contents, ceux qui en veulent toujours plus, sont au contraire les meilleurs.
Cette dernière catégorie doit-elle se réjouir de cette étude ? Au risque d'oublier de râler, et de perdre en compétitivité ? Sûrement pas. Il ne faudrait en effet pas conclure de l'étude qu'être performant implique d'être râleur. La relation n'est pas symétrique, au sens mathématique du terme. On peut être très impliqué, très motivé et aussi ultra-compétent.
Le problème est que, statistiquement, ces personnes dotées de toutes les qualités, c'est-à-dire efficaces, motivées, satisfaites, sont peu nombreuses car peu d'employeurs savent adopter un comportement adéquat à leur égard.
Les plus compétents quittent l'entreprise ou deviennent maussades car ils souffrent que leur travail ne semble pas apprécié à sa juste valeur. Il est conforme aux attentes de leurs supérieurs hiérarchiques qui ne leur manifestent donc aucune reconnaissance.
Les compétents voient en outre d'un très mauvais œil que les médiocres soient jugés à la même enseigne, ne serait-ce que parce que souvent les "bons" ont mis la main à la pâte pour compenser les défaillances de leur collègue. Il arrive même que ces derniers soient encouragés, pour les inciter à s'améliorer. Ils sont tellement dévoués ! Un comble !
A tel point que "les mauvais ne réalisent même pas qu'ils le sont", indiquent les auteurs de l'étude. Ce qui ne fait que redoubler la frustration des "bons", qui se retrouvent à devoir travailler en équipe avec des personnes beaucoup moins efficaces, mais non reconnues comme telles.
Faute de savoir identifier ces erreurs de management, l'entreprise perd ses meilleurs éléments et diminue ses chances d'en attirer d'autres. Car si les "mauvais" n'hésitent pas à recommander l'entreprise à leurs amis et proches comme étant une société où " il fait bon travailler", les performants adoptent l'attitude inverse. Ils véhiculent une piètre image de la société.
Les mauvais esprits argueront que l'étude ne dit pas non plus que tous les râleurs sont forcément des ultra-compétents méconnus et qu'il peut y avoir aussi des nuls parmi eux. Nous préférons ne pas y penser !

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