lundi 3 septembre 2012

Violences urbaines : le retour de l’excuse sociale ?

La gauche dominante n’a rien compris aux émeutes d’Amiens

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Mais ces violences ont visiblement été préparées bien avant ce fameux contrôle. Selon Le Courrier Picard, une voiture est venue livrer des émeutiers en mortiers dès 20h30 soit près de deux heures et demi avant l’incident. Et « la tension couvait depuis début août », ajoute Emilie Thérouin.
La thèse des jeunes désœuvrés en révolte contre la société ne se vérifie donc pas. Un misérabilisme qui nie une évidence : si les coupables de violences urbaines sont issus des classes populaires, c’est aussi le cas de leurs victimes. A Amiens, on a brûlé des voitures d’ouvriers et de femmes de ménage, on a privé des enfants d’immigrés de leur école, mais Mucchielli et Bourmeau ne s’intéressent qu’aux émeutiers. Ils croient que les émeutes sont une conséquence des inégalités sociales alors qu’elles ne font que les aggraver. Les plus pauvres perdent leurs rares biens et leurs quartiers deviennent de plus en plus ghettoïsés. La « stigmatisation » des cités sensibles vient plus des réactions à ces violences que d’un supposé racisme atavique de la société française.
« C’est malsain de chercher des excuses », estime Emilie Thérouin. D’autant plus que la pauvreté ne concerne pas que les grands quartiers urbains gangrénés par la délinquance. A ce sujet, l’adjointe au maire cite Fractures Françaises, le livre de Christophe Guilluy « qui met les pieds dans le plat » au sujet des inégalités dans les milieux ruraux et périurbains, sans bénéficier de la même attention politique et médiatique. La Somme, département industriel et rural, est au cœur de ses problématiques avec une précarité qui sévit aussi dans les villages et petites villes.

En cela, la Somme possède un taux de chômage équivalent à celui de la Seine-Saint-Denis (12%) mais, au delà du cas d’Amiens-Nord, les taux de délinquance y sont totalement différents. Selon l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales, en 2011, on comptait 28,4 atteintes aux biens pour 1000 habitants dans la Somme contre 59,7 dans le 93. Pour les atteintes aux personnes , on relevait 8,3 actes pour 1000 habitants dans la Somme contre 20,7 dans le 93. Même situation dans l’Aisne, toujours en Picardie. On y constate un chômage plus fort que dans le 93 (14,1%) mais une délinquance beaucoup plus faible (25 atteintes aux biens et 8,7 atteintes aux personnes pour 1000 habitants). Des chiffres que ne citent pas Bourmeau et consorts.

L’insécurité est donc bien un problème en soi. Mais dix ans après la « naïveté » de Jospin, on trouve encore des chercheurs au CNRS et des directeurs adjoints de rédaction pour parler de « sentiment d’insécurité » et ressortir la bonne vieille excuse sociale. Ces « naïfs » se croient de la « vraie » gauche mais cautionnent la loi du plus fort et la défaite de l’Etat au détriment des plus démunis. Cette « naïveté » a coûté cher à Lionel Jospin. Libé n’a qu’à bien se tenir.

http://www.causeur.fr/violences-urbaines-le-retour-de-excuse-sociale,18909

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