samedi 29 septembre 2012

Nuls en langues, les Français ?


Nuls en langues, les Français ? Faux, s'insurge Till Gins, directeur de l'OISE (Oxford Intensive School of English). Pas plus mauvais qu'un autre, mais victime d'une éducation souvent trop rigide, où la réflexion est reine et la faute clouée au pilori. Depuis quarante ans, le Franco-Britannique dirige la première école de langues d'Oxford et a vu passer des millions de stagiaires, attirés par sa méthode en "one to one" particulièrement adaptée à l'apprentissage intensif. Pour Le Point.fr, il analyse les dessous du cliché tenace qui fait du Français un béotien au pays de Shakespeare.
Le Point.fr : Vous êtes diplômé de la Sorbonne en philosophie. Qu'est-ce qui vous a incité à réfléchir à de nouvelles manières d'enseigner les langues ?
Till Gins : Né d'un père français et d'une mère anglaise, j'ai grandi avec la double culture. Lorsque j'ai eu mon diplôme, je suis parti à Oxford rédiger un mémoire sur John Locke. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à donner des cours individuels. Et plus j'enseignais, plus je me rendais compte que ce système de tutorat, propre aux universités de Cambridge, Oxford et Dublin, était particulièrement performant. J'ai alors compris que la meilleure façon de maîtriser une langue était de procéder en "one to one", en cours individuels. Attention, je ne parle pas seulement de cours de soutien, mais bien de l'ensemble du programme. Travailler ainsi permet de personnaliser l'apprentissage et d'aborder les programmes avec davantage de pertinence. Même s'il faut bien sûr s'adapter à chaque nationalité, puisqu'elles n'abordent pas du tout la langue de la même façon...
C'est-à-dire ?
Nos programmes sont d'abord destinés aux cadres et aux chefs d'entreprise. Mais nous accueillons aussi des étudiants et des prépas. Et l'on se rend compte que, quel que soit l'âge de l'apprenant, il ne parvient que difficilement à se défaire des difficultés propres à son éducation, à sa culture.
Quelles sont ces difficultés chez les Français ?
Le Français est peut-être, de tous les stagiaires que l'on reçoit - davantage encore que le Japonais -, celui qui a le plus d'inhibitions. Le Français n'est pas mauvais en langues, comme on le dit bien souvent, mais il a peur du ridicule. Et ce blocage psychologique est tellement ancré dans la mentalité nationale qu'il a le plus grand mal à se lancer à l'oral, à prendre des risques, à se faire confiance. C'est comme s'il préférait calculer à l'avance ce qu'il va dire, ou tout simplement se taire, pour éviter de faire une erreur. Résultat : il est complètement bloqué et ne parvient pas à communiquer spontanément dans une langue étrangère.
Comment expliquez-vous ce blocage ?
C'est très simple. Un jour, je racontais ça à un ami anglais qui vit en France depuis très longtemps. Il se tourne vers moi et me dit : "Voyons, je suis sûr que vous avez très bien compris pourquoi les Français sont comme ça." Moi : "Non, je ne vois pas." "Vous n'avez qu'à regarder les parents français avec leurs enfants, me répond-il. Quelqu'un leur donne un bonbon et qu'est-ce qu'ils s'empressent de dire au petit ? Qu'est-ce qu'on dit ? Qu'est-ce qu'on dit ?" En somme, ils leur font toujours sentir l'idée de faute. Si l'enfant ne dit pas merci, c'est une grave erreur. Je pense que cette façon d'éduquer crée l'appréhension. Et ça va très loin, puisque le système éducatif français ne fait que relayer cette éducation. L'erreur est grave, apprend-on à l'école. On veut des sans-faute. N'est-ce pas précisément là que se situe l'erreur ?
Comment "débloquez-vous" les Français ?
Ils m'ont fait comprendre qu'en somme je n'étais pas là pour enseigner l'anglais, mais l'éloquence. Et c'est un pas important à franchir. Car c'est l'éloquence qui fait toute la différence, que l'on maîtrise les bases de la langue à la perfection ou non. Lorsqu'un Français vient me voir, en général, il me dit : "Je suis débutant." Là, je rigole et lui réponds : "Oui, vous avez fait huit ans d'anglais à l'école, c'est ça ?" Les acquis sont là, mais de façon mathématique. Intellectuellement, toutes les bases et les règles sont en place, mais ils ne savent pas les utiliser spontanément, quotidiennement. C'est comme si on nous demandait de passer notre permis en n'ayant fait que le code. Certes, vous maîtrisez tout, mais vous ne savez pas conduire pour autant ! Une étude très intéressante montre qu'un professeur d'anglais pose jusqu'à sept questions par minute. Quand donc l'élève peut-il répondre ? Je suis pour laisser de la place au silence.
Vous dénoncez donc, en quelque sorte, l'échec de l'école...
Elle ne peut pas former à l'éloquence puisqu'elle est complètement figée sur l'idée d'enseigner des matières, du quantifiable. Récemment, la London Chamber of Commerce and Industry a élaboré un examen pour permettre de tester l'aptitude des dirigeants d'entreprise à travailler en anglais. Or, en quoi consiste cet examen ? Un test de grammaire. La confiance, l'éloquence ? Trop compliqué à mesurer, nous répond-on.
Que préconisez-vous ?
Des prises de risque devant une assemblée, des débats engagés sur un sujet donné, des travaux d'équipe, tout ce qui permettra de révéler la personnalité de l'apprenant dans cette nouvelle langue. Je suis en effet persuadé que nous avons autant de personnalités différentes que de langues à notre actif.
De quel type d'entreprises viennent vos stagiaires ?
Nous avons tout type de gens. Beaucoup de cadres de chez Castorama, des traders de la Bourse de Paris, et parfois même de la City, mais aussi des entreprises de pharmaceutique, de logiciels... Les cadres de la SNCF sont aussi venus se former chez nous dans le cadre du projet à Taïwan. C'était d'autant plus intéressant qu'ils savaient que seuls ceux qui auraient le niveau à l'issue du stage pourraient partir.
Rassurez-moi, les Français ne sont pas les seuls à avoir ce blocage avec les langues ?
À chaque nationalité sa particularité ! Comme le Français, le Japonais va avoir tendance à penser qu'on veut se moquer de lui si on lui demande une intervention à l'oral. Mais les Allemands, eux, ont une problématique tout à fait différente. Ils développent un certain complexe à ne pas parler comme un Anglais ou comme un Américain. Et vont faire du mimétisme une véritable obsession. Qui peut souvent leur jouer des tours.

http://www.lepoint.fr/societe/le-francais-n-est-pas-mauvais-en-langues-il-a-peur-du-ridicule-26-09-2012-1510165_23.php

vendredi 28 septembre 2012

Marseille : ils délogent des Roms

Des habitants d'une cité des quartiers nord ont forcé des Roms à quitter leur camp de fortune.

Ils ont fait la police eux-mêmes. Des habitants de la cité des Créneaux, dans les quartiers nord de Marseille, excédés par la présence de Roms à proximité de leurs immeubles, les ont forcés à partir jeudi soir, a révélé La Provence. Les familles roms étaient installées sur ce terrain depuis dimanche seulement.

Pas de réponse des autorités Les riverains s'étaient rendus le matin même en préfecture et à la mairie pour demander l'évacuation du camp par la police. Mais il leur a été répondu qu'il fallait une décision préalable de justice, ce qui aurait pris du temps. Ces derniers ont donc décidé de prendre les choses en main.

Ils avaient notamment informé les autorités, dont une élue des quartiers nord, de leur passage à l'acte si les Roms ne quittaient pas les environs de leur cité. Ils reprochaient aux Roms plusieurs cambriolages qui s'étaient produits autour du campement. 

Les habitants du quartiers se sont donc rassemblés avant de converger vers les terrain où étaient installés les Roms. Invectives et menaces ont ensuite fusé. "De toute façon, on ne partait pas tant qu'ils ne partaient pas. On s'est rassemblés pacifiquement et on leur a dit : 'on vous a prévenus, maintenant vous partez'", explique au micro d'Europe 1 Hakim, un des riverains.

Appelés sur place, les policiers ont simplement séparé les habitants mécontents et les familles roms. Ces dernières ont quitté les lieux avec caravanes et véhicules. Aucune interpellation n'a été effectuée en l'absence d'agression physique. Plus tard dans la soirée, les quelques effets laissés sur le terrain par les familles roms ont été incendiés - sans que les pompiers n'interviennent néanmoins.

"C'était pour une bonne raison. Les Roms, c'est pas un Rom qui cambriole à Marseille, c'est plusieurs Roms et plusieurs vols. Si on a fait ça, c'est pas pour rien", justifie Hakim. "On n'est pas venus avec des armes pour les agresser, on est venus discuter. C'est notre cité, on est nés ici ! C'est comme si je venais chez vous pour m'installer, y a un ras-le-bol", poursuit de son côté Hamed, un père de famille de la cité. 

"On se sent abandonnés" Rachid, un autre habitant du quartier des Créneaux, a lui aussi justifié cette action par des vols commis récemment. "Dès le deuxième jour, on a cambriolé ma cave et tout volé. Je suis allé les voir avec des amis pour leur dire qu'on ne leur veut pas de mal mais il faut nous respecter. On leur a dit : 'il y a eu des vols, il faut que ça s'arrête'", assure-t-il sur Europe 1. "Ça ne pouvait plus continuer. On est allés voir les forces de l'ordre, la mairie. Ils nous ont dit qu'une procédure était en cours et qu'il fallait attendre entre 3 et 6 mois pour les faire partir. Mais ça n'est pas possible. Donc on est allés les voir gentiment pour les faire partir", poursuit-il, assurant qu'il n'y a pas eu de violence et que les affaires des Roms n'ont été brûlées que par mesure de salubrité. "On se sent abandonnés. Personne ne fait rien, il fallait qu'on agisse nous-mêmes", regrette Rachid.

La sénatrice-maire PS des 15e et 16e arrondissements de Marseille, Samia Ghali, a indiqué avoir reçu plusieurs plaintes d'habitants déplorant que les Roms "salissent tout et essayent d'entrer dans les immeubles", dont certains sont en partie vides en raison d'une procédure de démolition en cours.

http://www.europe1.fr/Faits-divers/Marseille-ils-delogent-des-Roms-1255111/

Racisme anti-blanc ? Non, de la haine vis-à-vis de tout ce qui s'apparente de près ou de loin à la France ou à l'autorité

Les formules ont un avantage. Elles font de l’effet, sont reprises et toujours amplifiées. Elles ont un inconvénient. Forcément courtes et simplificatrices, elles ne rendent jamais compte de la complexité des choses et font courir quelques risques à leurs auteurs.

Ainsi Jean-Francois Copé s’est vu reprocher avec virulence d’emprunter à l’idéologie du FN pour avoir parlé de racisme « anti-blanc ». Les heures les plus sombres de notre histoire étaient de retour etc, etc. Bof ! c’est l’affaire du candidat à la présidence de l’UMP et gageons qu’il s’en remettra aisément.

Reste que sa formule est un peu courte. « Racisme anti-blanc » ? On devrait dire plutôt « xénophobie anti-française », émanant, hélas, de personnes habitant sur le territoire français et pour nombre d’entre elles de citoyenneté française. Le mot « racisme » ayant été mis à toutes les sauces les plus pitoyables (racisme anti jeune, racisme anti vieux, racisme anti flic) la formule demeure donc vouée aux nimbes de l’abstraction. Ce à quoi nous assistons en réalité, c’est à une terrifiante, certes marginale, montée d'une haine qui se décline dans un bréviaire récité dans certaines banlieues de l’hexagone.

L’étranger haïssable est désigné par un nom : « gaulois », « céfran », « babtou ». L’étranger détesté porte un uniforme ou une tenue : policiers, pompiers, postiers, infirmières. L’étranger qui doit être soumis ou bouté hors de la cité occupe une fonction : enseignant, fonctionnaire, chauffeur de bus, ambulancier. Tout ce qui est supposé représenter la France telle qu’elle est administrée et essaye de fonctionner. Et le racisme dans tout cela ? Et bien il n’y en a pas. C’est bien alors ? Non, c’est pire.

Car tout le monde sans exception peut devenir un « céfran », un « gaulois », un « babtou ». Croyez-vous que les chauffeurs de bus qui se font caillasser et tabasser dans la région parisienne soit tous, comme on dit, des « Français de souche » ? Regardez les noms de leur porte-parole syndicaux, ils sont tout bonnement devenus des « céfrans ». Pensez-vous que toutes les assistantes sociales qui se font insulter et agresser dans certaines banlieues s’appellent Valérie, Corinne ou Madeleine ? Elles sont justes devenues des « gauloises ». Et de quelle origine sont les filles de « Ni putes Ni soumises », d’où viennent Jeannette Bougrab, Rachida Dati, toutes des collabos et des salopes, n'est-ce pas ? Et quelle est la couleur de la peau de Rama Yade, une « bounty » (noire à l’extérieur, blanche à l’intérieur selon l’expression en vogue chez un certain nombre de crétins de la même origine qu’elle).

Cette haine-là est un cancer de l’âme. Dans ses cellules, elle fixe le mal et le désir de faire du mal. Le racisme peut se combattre par l’éducation, la persuasion, le raisonnement, l’évolution. Pas la haine qui requiert absolument une seule et qu’une seule réponse : non, non et non. Ce phénomène ne doit certes pas être exagéré : ce serait démagogique. Il ne doit pas être non plus nié : ce serait criminel. Car il faut bien que dans certains quartiers la peur change de camps. Ce sont les canailles – pas les autres – qui doivent raser les murs.

On a beaucoup parlé ces derniers temps de Mohamed Merah. Parlons en encore une fois. Retenez les noms de trois de ses victimes. Les parachutistes Imad Ben Zinfen, Abdel Chennouff, Mohamed Legouad. Eux aussi devenus pour leur malheur des « céfrans ». Quant aux victimes juives de Merah, trois enfants et un adulte, tués à bout portant, elles étaient juste haïssables parce qu’elles étaient juives …

Retenez aussi le nombre de « jeunes » de son quartier qui ont accompagné au cimetière la dépouille d’un des assassins les plus abjectes qu’ait jamais connu la France. Une centaine ! Tant qu’il y en aura des comme ça…

http://www.atlantico.fr/decryptage/racisme-anti-blanc-non-haine-vis-vis-tout-qui-apparente-pres-ou-loin-france-ou-autorite-benoit-rayski-495657.html

samedi 22 septembre 2012

Le féminisme de quelques-unes nous a-t-il fait perdre de vue la réalité des envies des autres ?

Atlantico: Najat Vallaud Belkacem et Michel Sapin ont reçu vendredi les partenaires sociaux en vue d'une négociation sur l’égalité des sexes dans le milieu professionnel. Ils ont annoncé un décret permettant de sanctionner les entreprises de plus de 50 salariés qui n'auraient pas mis en place un plan d'égalité salariale, mais aussi d'avoir la possibilité de réduire la durée du congé parental. Une étude britannique montre pourtant que 75% des femmes préféreraient rester à la maison avec leurs enfants que d’aller travailler si elles en avaient la possibilité. Cette tendance se retrouve-t-elle en France ? 

Marie-Christinne Rousselin : En France, de plus en plus d'hommes et de femmes n'ont pas envie d'avoir un choix radical à faire, c'est-à-dire sacrifier sa vie professionnelle au profit de sa vie personnelle ou inversement. En France, on a toujours prôné la valeur travail, mais de plus en plus de femmes veulent s'occuper de leurs enfants au moins un temps de leur vie. Si vous prenez une jeune fille à la fin de ses études et que vous lui annoncez qu'elle va être mère au foyer, elle va hurler ! Mais une fois qu'elle est en couple avec un enfant, la femme a beaucoup de mal à le lâcher pour retravailler. Le problème, c'est la pression de la société. La femme au foyer n’est pas du tout valorisée. En conséquence, beaucoup ne font pas ce choix... souvent à regret ! Plusieurs études ont montré que beaucoup de femmes voudraient avoir un enfant de plus mais que c'est impossible car elles travaillent. C'est un bourrage de crâne!(...)

La vraie tendance aujourd'hui, c'est quoi ? Que les femmes puissent s'arrêter pour leurs enfants si elles le veulent et le temps qui leur convient. Supprimer ce choix, c'est une atteinte à la femme, à son rythme, et c'est dramatique pour la natalité. La femme aura peut-être un ou deux enfants mais au moment du troisième, elle renoncera. Quand on voit la courbe de la natalité actuelle, où va t-on avec ce genre de mesure? La proportion de femmes britanniques qui préfèreraient rester à la maison avec leurs enfants se comprend clairement. Le stress de la vie professionnelle, la différence de salaires hommes/femmes, le coût de la garde d'enfants et l'organisation que cela demande... autant arrêter de travailler. En plus de cela, il est difficile d'avoir des aides et les crèches sont chères. Les femmes font un calcul simple et en temps de crise, la question peut ne pas se poser très longtemps. La vraie tendance, c'est celle là.

Ce qui expliquerait l'autre chiffre de cette étude selon laquelle 60% des femmes iraient travailler par nécessité, pour des raisons financières...

Marie-Christinne Rousselin : Il faut suivre le rythme : garder les enfants, payer la cantine, les activités, acheter des repas déjà cuisinés car on n'a plus le temps, etc... La question financière n'est pourtant qu'un prétexte que se donnent les femmes pour travailler car certaines ont peur d'être jugées. Le travail sert aussi aux femmes pour ne pas dépendre de leurs conjoints et pour toucher une retraite. Le coût d'un enfant prend une grande part de leur salaire. Pourquoi alors ne pas revaloriser les allocations familiales ou mettre en commun les retraites?

Emmanuelle de Boysson : C'est le cas pour la majorité des Français et cela se vérifie effectivement pour les femmes, sauf si elles sont passionnées ou satisfaites pleinement de leurs conditions salariales. Sinon, elles sont 75% à travailler par pure nécessité. Au vu du nombre de divorces, des familles monoparentales, les femmes n'ont juste pas d'autres choix que de travailler pour assurer leurs besoins. Elles acceptent donc des emplois souvent pénibles et peu satisfaisants. D'où l'importance en revanche d'une réforme sur l'égalité des salaires.

Est-il compréhensible qu'une femme puisse opérer le choix de réussir sa vie de famille, plutôt que de s’émanciper par le travail ?

Marie-Christinne Rousselin: Ce n'est pas blanc ou noir. C'en est fini du temps où on restait une femme au foyer toute sa vie. Ce choix ne concerne qu'une minorité. On peut choisir de privilégier sa famille pour un temps et retravailler ensuite. De nombreuses femmes le font. Chaque parent doit avoir le choix de faire une pause dans sa vie professionnelle pour le bien-être de son enfant. Il faut créer plus d'espaces temps dans la vie d'un couple. C'est quand même agréable d'avoir une personne qui reste à la maison, ça évite que la famille ne se délite.

Emmanuelle de Boysson : Bien entendu ! Beaucoup de femmes font ce choix car elles en ont la possibilité, ce sont des femmes d'un certain milieu. En général, elles sont mariées et ont donc un deuxième salaire qui tombe à la fin du mois. Une femme divorcé ne peut pas se permettre ce choix. Avoir les moyens reste quand même la condition sine qua non. Pour les ouvriers, les artisans et la classe moyenne, c'est plus difficile même si parfois certaines sont acculées à cause du chômage. En tous cas, une chose est certaine: les femmes au foyer le sont par choix, elles le vivent très bien. Ces femmes ont des activités, ne sont pas forcément tout le temps à la maison et sont loin d'être frustrées. Elles sont dynamiques et vivent pleinement leur vie de "femmes au foyer".

De mon point de vue, c'est malgré tout risqué de s'arrêter complètement pour une femme au vu du contexte et de la crise. Si un jour elles veulent retravailler, elles auront l'impression de ne plus être dans le coup. En plus, la société dévalorise celui qui ne travaille pas. Dans la vie de tous les jours, la première question qu'on vous pose concerne votre métier. Si la femme est à la maison, la personne en face va sûrement montrer une forme de désintérêt et va penser qu'elle est ringarde ou qu'elle n'a rien à dire. C'est une image dans l'ère du temps, la femme au foyer est largement dépréciée.

Pourquoi s’offense-t-on de ces femmes qui restent à la maison, quand elles ne font en réalité qu'opérer un choix qui est le leur ?

Marie-Christinne Rousselin: Depuis longtemps, le français voit dans le travail des femmes une gloire. Partout en Europe, on dit : « la femme française travaille et a des enfants ». La vérité, c'est qu'avec ce rythme, beaucoup ne tiennent pas le choc. Du point de vue de l'enfant, c'est quand même mieux qu'il rentre chez lui et trouve un de ses parents plutôt que la télévision. Mais ça, on ne le dit pas. On préfère penser qu'une femme au foyer c'est ringard. Il faut les valoriser en montrant à la société le rôle qu'elles ont. Que font-elle ? Elles visitent des écoles, aident leurs voisins, s'occupent de l'enfant malade d'une amie qui travaille, maintiennent le lien social dans les villages. La femme au foyer fait un travail invisible et tant qu'on ne le reconnaît pas, son statut ne changera pas.

Emmanuelle de Boysson : En France et comme dans beaucoup d'autres pays, il y a une étiquette sociale presque nécessaire pour exister. C'est une véritable confusion entre l'être et l'avoir. Si on n'a pas de travail, les réactions sont souvent de l'ordre du mépris et du dédain. L'inaction n'est pas comprise. Là où la société se fourvoie, c'est qu'être femme au foyer, c'est un choix mais aussi un travail à part entière. Les femmes ne passent pas leurs journées à regarder la télévision ou dormir. Elles font tourner leur familles. Ce n'est pourtant pas considéré comme tel. C'est très dévalorisé et donc dévalorisant de rester chez soi. C'est dommage car ces femmes ont de la richesse à revendre, des idées et un vrai appétit de la vie. Et de plus, elles sont libres! Beaucoup réclament un salaire ou une petite indemnité pour ce travail car cela permettrait de leur donner enfin un statut mais ce n'est pas près d'arriver.

Dans ces conditions, le soulèvement féministe contre pareils comportements a-t-il encore un sens ? 

Marie-Christine Rousselin : Il est important de souligner que le mouvement féministe français n'a pas évolué comme le féminisme européen. Partout ailleurs en Europe, on a compris que la femme devait s'arrêter un temps pour profiter de son enfant et faire profiter sa famille de son temps. C'est bien que les femmes puissent travailler et qu'on se batte pour l'égalité des salaires. Si elles choisissent de s'arrêter, à elles aussi d'assumer le fait que la carrière de l'homme aille plus vite. Le tout, c'est d'assumer, même si je pense que la famille dure plus longtemps qu'une carrière. Quoiqu'il en soit, l'objectif c'est que les femmes aient le choix, financièrement et socialement.

Emmanuelle de Boysson : Le féminisme a du bon et va quand même dans le bon sens, même les mouvements extrêmes. Maintenant, ils peuvent être excessifs dans leurs prises de positions. Il y a préjudice de revendiquer que la femme n'existe que quand elle travaille mais qu'elle est ringarde si elle reste chez elle. C'est un regard extrêmement dur qui ne l'aide pas. Ces femmes devraient être soutenues, voire plus que les autres car elles n'ont pas les mêmes armes face à la violence verbale ou physique. Il faut les mettre en valeur, surtout dans une société qui dit que l'on existe que par l'argent. Du coup, cela voudrait dire qu'elles n'existent pas ? Être quelqu'un, c'est aussi avoir une vie différente, valoriser l'aspect humain et faire autre chose que travailler. Le soulèvement féministe pour être sensé doit défendre cette valeur et TOUS les cas de femmes et pas seulement sous l'angle unique et erroné du travail.

 http://www.atlantico.fr/decryptage/feminisme-quelques-unes-t-fait-perdre-vue-realite-envies-autres-marie-christinne-rousselin-emmanuelle-boysson-489643.html

mardi 18 septembre 2012

Rupert Everett: 'There's nothing worse than gay parents'

The star of the 1998 film Shakespeare in Love blazed a trail for gay actors when he came out as homosexual 20 years ago.
However, he has been criticised by gay rights groups after giving an interview in which he decried same-sex couples who have children.
The 53-year-old told the Sunday Times Magazine that his mother Sara had met his boyfriend but “still wishes I had a wife and kids.”
“She thinks children need a father and a mother and I agree with her,” he said. “I can’t think of anything worse than being brought up by two gay dads.
“Some people might not agree with that. Fine! That’s just my opinion.
“I’m not speaking on behalf of the gay community. In fact, I don’t feel like I’m part of any ‘community’.
“The only community I belong to is humanity and we’ve got too many children on the planet, so it’s good not to have more.”
Campaigners claimed his remarks were reminiscent of those who oppose same-sex marriages.
Ben Summerskill, chief executive of the campaign group Stonewall, said: "Rupert should get out a little bit more to see the facts for himself.
“There is absolutely no evidence that the kids of gay parents suffer in the way they are being brought up or in how they develop."
Everett also told how his family’s military background, which included his father serving as an Army Major, meant “some things were simply not talked about”.
His comments were part of a feature in which his mother was interviewed as well.
Mrs Everett, 77, told how she knew her son was gay from when he turned 18, and described her desire for him to have children.
“In the past, I have said that I wish Rupert was straight and, I probably still feel that,” she said. “I’d like him to have a pretty wife.
“I’d like him to have children. He’s so good with children. He’d make a wonderful father.
“But I also think a child needs a mummy and a daddy. I’ve told him that and he takes it very well. He doesn’t get angry with me. He just smiles.”
Their comments were likely to cause rancour with gay couples with children such as Sir Elton John and his partner David Furnish, who have a one-year-old son, Zachary.
It is not the first time Everett has attracted controversy over interviews. In 2008, he apologised after calling soldiers “wimps” in The Sunday Telegraph.
Publicising his film The Victorian Sex Explorer in which he played Sir Richard Burton, he said: “In Burton's day they were itching to get into the fray. Now it is the opposite. They are always whining about the dangers of being killed. Oh my God, they are such wimps now!”
He has also previously spoken of his treatment after making his sexuality public, urging actors not to come out for fear of losing work.
In 2009, he said his admission had damaged his career and his work had been limited since the revelation.

http://www.telegraph.co.uk/relationships/9546091/Rupert-Everett-Theres-nothing-worse-than-gay-parents.html

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“I’ve now had all this hate mail and there have been death threats, too… All the queens out there now have it in for me. I’m loathed by them. I’m having to take evasive action,” he told the Daily Telegraph.

(...)

the institution of gay marriage, reports Gay Star News: “It’s just a waste of time in the heterosexual world, and in the homosexual world I find it personally beyond tragic that we want to ape this institution that is so clearly a disaster,” he said, continuing, “For me, being gay was about wanting to do the opposite of the straight world, so I think that’s where my problems in this particular area come from" (...)

http://www.inquisitr.com/347815/rupert-everett-backs-up-on-gay-parenting-comments-but-says-gay-marriage-is-beyond-tragic/

lundi 3 septembre 2012

Violences urbaines : le retour de l’excuse sociale ?

La gauche dominante n’a rien compris aux émeutes d’Amiens

(...)

Mais ces violences ont visiblement été préparées bien avant ce fameux contrôle. Selon Le Courrier Picard, une voiture est venue livrer des émeutiers en mortiers dès 20h30 soit près de deux heures et demi avant l’incident. Et « la tension couvait depuis début août », ajoute Emilie Thérouin.
La thèse des jeunes désœuvrés en révolte contre la société ne se vérifie donc pas. Un misérabilisme qui nie une évidence : si les coupables de violences urbaines sont issus des classes populaires, c’est aussi le cas de leurs victimes. A Amiens, on a brûlé des voitures d’ouvriers et de femmes de ménage, on a privé des enfants d’immigrés de leur école, mais Mucchielli et Bourmeau ne s’intéressent qu’aux émeutiers. Ils croient que les émeutes sont une conséquence des inégalités sociales alors qu’elles ne font que les aggraver. Les plus pauvres perdent leurs rares biens et leurs quartiers deviennent de plus en plus ghettoïsés. La « stigmatisation » des cités sensibles vient plus des réactions à ces violences que d’un supposé racisme atavique de la société française.
« C’est malsain de chercher des excuses », estime Emilie Thérouin. D’autant plus que la pauvreté ne concerne pas que les grands quartiers urbains gangrénés par la délinquance. A ce sujet, l’adjointe au maire cite Fractures Françaises, le livre de Christophe Guilluy « qui met les pieds dans le plat » au sujet des inégalités dans les milieux ruraux et périurbains, sans bénéficier de la même attention politique et médiatique. La Somme, département industriel et rural, est au cœur de ses problématiques avec une précarité qui sévit aussi dans les villages et petites villes.

En cela, la Somme possède un taux de chômage équivalent à celui de la Seine-Saint-Denis (12%) mais, au delà du cas d’Amiens-Nord, les taux de délinquance y sont totalement différents. Selon l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales, en 2011, on comptait 28,4 atteintes aux biens pour 1000 habitants dans la Somme contre 59,7 dans le 93. Pour les atteintes aux personnes , on relevait 8,3 actes pour 1000 habitants dans la Somme contre 20,7 dans le 93. Même situation dans l’Aisne, toujours en Picardie. On y constate un chômage plus fort que dans le 93 (14,1%) mais une délinquance beaucoup plus faible (25 atteintes aux biens et 8,7 atteintes aux personnes pour 1000 habitants). Des chiffres que ne citent pas Bourmeau et consorts.

L’insécurité est donc bien un problème en soi. Mais dix ans après la « naïveté » de Jospin, on trouve encore des chercheurs au CNRS et des directeurs adjoints de rédaction pour parler de « sentiment d’insécurité » et ressortir la bonne vieille excuse sociale. Ces « naïfs » se croient de la « vraie » gauche mais cautionnent la loi du plus fort et la défaite de l’Etat au détriment des plus démunis. Cette « naïveté » a coûté cher à Lionel Jospin. Libé n’a qu’à bien se tenir.

http://www.causeur.fr/violences-urbaines-le-retour-de-excuse-sociale,18909