samedi 24 septembre 2011

la "préférence immigrée" a remplacé la préférence ouvrière

Immigration: les silences de la gauche

Par Ivan Rioufol

Chut ! Pour la gauche, les problèmes posés par l'immigration de masse restent un non sujet. Les candidats à la primaire socialiste, qui débattaient mollement jeudi dernier sur France 2, n'en ont pas dit un mot, en trois heures. Dominique Strauss-Kahn, dimanche soir sur TF1, a conclu son auto-promotion par un plaidoyer pour une immigration destinée à sauver "nos pays (qui) deviendront trop vieux". La gauche radicale, qui parle comme le Medef de Laurence Parisot, persiste à réclamer la régularisation de tous les clandestins. Les sondages montrent que ceux qui, du côté de la droite honteuse, tiennent sur ce sujet les propos les plus lénifiants - Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo, Hervé Morin - s'éloignent progressivement des Français dont ils assurent pourtant vouloir aller à leur rencontre. Quant à l'UMP, qui vient de sortir, hier, son intéressante proposition d'"allégeance aux armes" visant à ressouder les jeunes citoyens autour de la nation et de la patrie, elle donne souvent le sentiment de courir après Marine Le Pen. Bref, les interdits du politiquement correct et de son idéologie antiraciste empêchent encore de renverser le super-tabou.

Aussi n'est-ce pas le moindre des mérites d'Hervé Algalarrondo, journaliste au Nouvel Observateur, de s'attaquer à la question en mettant la gauche immigrationniste , xénophile et prolophobe devant ses contradictions, dans un livre titré : "La gauche et la préférence immigrée" (Plon). Si Algalarrondo se garde d'aller au bout de sa démonstration, qui aurait dû l'amener à s'interroger aussi sur le statut de religion privilégiée qu'a su décrocher l'islam en France, il dénonce néanmoins le choix de son camp, gauche radicale et gauche socialiste réunies, qui a oublié la classe ouvrière. Il écrit : "En direction des plus défavorisés, la "préférence immigrée" a remplacé la préférence ouvrière". Et encore : "Par mauvaise conscience vis-à-vis de la colonisation, l'intelligentsia de gauche prône une sorte de colonisation à l'envers". Pour mon confrère, la "préférence immigrée" peut s'analyser comme une forme de lepénisme à rebours". Il rappelle l'absurdité du rapport de Terra Nova, think tank proche de DSK, qui conseille d'abandonner l'électorat populaire au profit de la nouvelle France des cités.

Comment s'étonner, dans ces conditions, de voir les ouvriers passer au FN ? Un sondage Ifop d'avril 2011 avait mesuré l'audience de Mélenchon et Besancenot dans la perspective de 2012 : le premier recueillait 2% des voix ouvrières, le second 1%. Marine Le Pen était créditée, elle, de 36% des voix des prolos. La gauche a-t-elle décidé d'abandonner le peuple au FN? (...)

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