vendredi 26 mars 2010

Triomphe de la burqa

Sskizo raconte Montréal :

depuis que je suis ici,

Je n’ai entendu personne traiter une nana de salope, lui demander si elle suce, ou se permettre de lui dire qu’elle est bonne. je n’ai jamais eu peur en rentrant chez moi tard le soir, alors que les rues sont désertes. je n’ai jamais choisi une tenue en fonction de l’heure à laquelle j’allais rentrer. personne ne m’a touchée sans mon consentement (sauf un connard de parisien fils-à-papa il y a quelques semaines). quand on me drague et que je ne suis pas intéressée, on n’insiste pas, on me laisse tranquille (et souvent on me souhaite une bonne soirée).

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Si vous n’êtes pas une femme, vous ne pouvez pas comprendre à quel point c’est reposant — c’est même plus que ça.

J’aurais pu signer mot par mot pour ma vie à Berlin. Mais voilà, je suis à Paris, je mets des jupes, je me fais emmerder toutes les cinq secondes. Par une certaine catégorie de population qui est toujours la même et qui fait qu’au bout de trois jours en France déjà, je réapprends à quel moment changer de trottoir. Le deuxième jour j’ai mis un pantalon. Pour souffler.

Ensuite j’ai remis la jupe mais en faisant très attention.

Donc voilà : je ne marche pas où je veux et je ne m’habille pas vraiment comme je veux, moi femme adulte française.

La burqa elle est déjà là. Des hommes contrôlent mon corps. Qu’ils le fassent en me suivant dans la rue (hier), en m’agressant (avant-hier) ou en me gonflant avec leur hééé charmante hééé parle-moi sale pute (tout le temps), c’est pareil. La burqa est dans mon cerveau quand j’appelle mes potes pour les avoir au téléphone quand je marche la nuit, ou qu’ils se dévouent pour me raccompagner jusqu’à ma porte.

A Berlin ça n’arriverait jamais.

Ce ne sont pas “les” hommes, hein, et même pas 5% d’entre eux – simplement leur pouvoir de nuisance est hallucinant. Ce sont “des” hommes qu’on peut reconnaître à la tête, et derrière eux, une culture incompatible avec ma liberté. Sauf qu’une culture, ça évolue, alors que la liberté, ça ne se tranche pas en lamelles, en trottoirs, en longueurs de jupe. Le sexisme est une culture. Et décidément, il faut enfoncer les lignes.

Aujourd’hui, pantalon.

Maia Mazaurette

http://www.sexactu.com/2010/03/26/triomphe-de-la-burqa/

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