mardi 20 octobre 2009

« Yes we can. » La France n'est pas si mal placée pour traverser la crise.

Le Point

12 raisons d'espérer (quand même)

Jacques Marseille


En 2007, le célèbre institut d'économie de Cologne avait prédit que la France deviendrait en 2035 la première puissance économique européenne devant l'Allemagne. Fin 2008, déjà, exprimé en dollars, le PIB par habitant de la France vient de dépasser de peu celui de l'Allemagne ( Le Point, 22 janvier 2009). Et si la crise qui rend les Français si dépressifs allait accélérer le mouvement et anticiper cette prévision ? Le Royaume-Uni, qui, il y a encore quelques mois, faisait l'admiration des observateurs, est en train de subir la pire récession depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale et revit les années noires au cours desquelles Margaret Thatcher luttait pour sauver l'économie du pays. L'Espagne subit une véritable descente aux enfers et est devenue la championne d'Europe du chômage, avec un taux de 13,9 % et sans doute 18,7 % en 2010. L'Allemagne, première puissance exportatrice mondiale, pourrait connaître en 2009 sa pire contraction depuis 1945, en raison de la chute de ses exportations, principal moteur de l'économie. Les investissements en équipement, qui avaient progressé de 8,3 % en 2008, baisseraient de 11,9 % en 2009. L'Irlande, qui était jusqu'à hier le paradis de la croissance, va voir sa dette passer de 25 % du PIB à 54,8 %, et son taux de chômage, qui était quasi nul, s'envoler à plus de 10 % de la population active. Autant d'occasions non de se réjouir du malheur des autres, mais de prendre conscience des formidables atouts de la France. Des atouts qui, s'ils étaient mieux perçus et surtout mieux valorisés, devraient permettre aux descendants des Gaulois de crier, eux aussi : « Yes, we can. »

1. Des enfants par milliers

« Il n'est de richesse que d'hommes. » Cette maxime, formulée il y a plus de quatre siècles par le philosophe et magistrat français Jean Bodin, n'a jamais été autant d'actualité. Avec un taux de fécondité qui dépasse désormais deux enfants par femme et des naissances qui se sont élevées en 2008 à 834 000, la France compte dorénavant un peu plus de 64 millions d'habitants, le chiffre que l'on prévoyait pour elle en 2015. Surtout, avec un solde naturel des naissances sur les décès de 290 000, elle représente, à elle seule, près de 65 % de la croissance naturelle de la population européenne. En 2008, en effet, les 27 pays de l'Union ont enregistré 448 000 naissances de plus que de décès. Sur ces 448 000 nouveaux petits Européens, 290 000 étaient français ! Ainsi, dans une vingtaine d'années, la France sera le pays le plus peuplé d'Europe, entouré de nations vieillissantes et moins dynamiques.

Une véritable conquête pacifique de l'hégémonie qui devrait renforcer notre influence, sécuriser l'industrie du bâtiment, qui devra construire plus de 500 000 logements par an pendant quinze ans, rendre moins fragile le système de retraites par répartition, alimenter le vivier des créateurs d'entreprises, dont l'âge moyen est de 35 à 44 ans, et assurer la croissance du marché intérieur qui, en dépit de la mondialisation, reste le principal moteur de la croissance. Ainsi, avec 368,8 milliards d'euros, le chiffre d'affaires du commerce de détail en France devance celui de l'Allemagne (pourtant plus peuplée), qui n'est que de 348,2 milliards d'euros. Seul pour l'instant-avant la crise-le Royaume-Uni devance la France, avec un chiffre d'affaires de 388,7 milliards.

2. L'indépendance énergétique

La France possède quatre grands groupes parmi les leaders mondiaux dans le domaine de l'énergie :Total, Areva, EDF et GDF-Suez. Grâce à son parc de réacteurs, elle atteint un taux d'indépendance énergétique supérieur à 50 %, inférieur, certes, à celui des Etats-Unis (71,3 %), mais supérieur à celui de l'Allemagne (39,2 %), de l'Espagne (21,7 %), du Japon (19,2 %) ou de l'Italie (14,9 %). (...)

N'émettant pas de gaz à effet de serre dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique, produisant des déchets, certes dangereux, mais dont déjà 90 % disposent d'un mode de gestion fiable et sécurisé, bénéficiant de réserves importantes et non soumises aux aléas géopolitiques (250 années de consommation en réserve avec les systèmes utilisés actuellement et plusieurs milliers avec les réacteurs de quatrième génération), le nucléaire permet enfin d'éviter chaque année l'émission de 700 millions de tonnes de CO2, émissions égales à celles que produiraient 200 millions de voitures.


3. Un pays « béni des dieux »

Dès l'Antiquité, l'attention des géographes avait été attirée par la forme particulière du territoire (pas encore français) qui, engagé dans le continent européen mais situé à une sorte de goulet d'étranglement, se trouvait au point de jonction des deux systèmes maritimes du Nord et du Sud. Strabon, qui vivait à l'époque du Christ, admirait, dans ce pays dont il vantait « la correspondance qui s'y montre sous le rapport des fleuves et de la mer, de la mer intérieure et de l'océan », ce qu'il appelait une « prévision intelligente », un véritable cadeau des dieux.

Cette position centrale fait que la France possède le seul lien terrestre avec le Royaume-Uni et avec l'Espagne. C'est un avantage considérable quand il s'agit pour des entreprises étrangères de choisir un site d'implantation. Ce fut par exemple le cas lors du choix d'implantation d'un Disneyland en Europe. Avec plus de 1 200 sites possibles, puis une sélection limitée à quatre-deux en France et deux en Espagne-, le choix s'est finalement porté sur Marne-la-Vallée. Une implantation qui a depuis 1992 attiré plus de 200 millions de visiteurs et permis l'ouverture à Val d'Europe du plus grand centre commercial d'Europe.

Dans le domaine d'avenir de la logistique, qui représente désormais 8 % du PIB européen, la France a vocation à occuper une place majeure. Ainsi, un rapport du cabinet d'audit McKinsey cite la France comme étant le pays d'Europe présentant le meilleur rapport qualité/prix pour y développer des activités commerciales. C'est Takao Amase, président de Bridgestone/Firestone Europe, qui déclare : « Grâce à sa situation géographique, aux connexions à un réseau routier bien développé et au réseau TGV avec accès au tunnel, la France est située de façon idéale pour satisfaire le niveau de service requis par notre clientèle. Ces facteurs et la qualité de la main-d'oeuvre ont constitué d'importants critères dans notre décision de doubler notre infrastructure d'entreposage en France. »

Ainsi, l'industrie de la manutention en France regroupe plus de 320 entreprises, employant plus de 24 000 personnes et réalisant 38 % de son chiffre d'affaires à l'exportation.

Et que dire de notre espace maritime qui, avec plus de 11 millions de kilomètres carrés, est la deuxième superficie maritime du monde et la seule à couvrir les trois grands océans ? Un atout considérable quand on saura mieux exploiter les potentiels qu'il recèle.

4. Un réseau de transports moderne

Cette vocation géographique s'est doublée d'un réseau de transports qui explique aussi que la France est devenue une terre d'accueil privilégiée.

Avec près de 60 millions de passagers en 2007, l'aéroport Charles-de-Gaulle est désormais le 6e aéroport du monde, derrière Atlanta, Chicago, Londres, Tokyo et Los Angeles, et le 6e également-mais le premier européen-pour le fret, derrière Memphis, Hongkong, Anchorage, Shanghai et Incheon.

Avec 950 000 kilomètres de routes, le troisième au niveau mondial pour le nombre de kilomètres par habitant, derrière les Etats-Unis et le Japon, la France dispose surtout d'un des réseaux routiers les moins encombrés (30 véhicules par kilomètre de route, contre 44 en moyenne dans l'Union européenne et 65 en Allemagne).

Sur le plan ferroviaire, le trafic à grande vitesse représente à lui seul la moitié du trafic européen et fait de l'industrie ferroviaire française un leader mondial, avec Alstom, qui devance Bombardier et Siemens. Autant de performances liées à l'excellence des entreprises de travaux publics françaises, qui occupent les trois premières places mondiales avec Bouygues, Vinci et Eiffage. Une vocation largement ignorée de l'opinion publique qui s'inscrit dans une tradition historique et qui, du pont de Normandie au viaduc de Millau, du tunnel sous la Manche aux chantiers titanesques de l'Amérique du Sud, de l'université de Riyad à l'oléoduc de la cordillère des Andes, assure la réputation de l'ingénierie française. Une tradition qui devrait assurer à la France une place de premier ordre dans les grands chantiers du XXIe siècle que seront la rénovation des villes et la mise au point de technologies compatibles avec le développement durable.

5. Un pays attractif

Alors que les Français conjuguent trop souvent mondialisation, délocalisations et chômage, la France est devenue depuis le début des années 90 l'un des principaux destinataires des investissements directs étrangers. Aujourd'hui, elle est devenue la troisième destination du monde, dépassée uniquement par les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Paris est aussi devenue la troisième métropole au monde en termes d'image, restant, pour les hommes d'affaires étrangers, la mieux armée pour faire face à la crise. Ainsi, les 18 000 filiales des sociétés étrangères actives en France emploient désormais 2 millions de personnes, le double d'il y a dix ans. Désormais, dans le secteur privé, un employé sur sept travaille pour une société étrangère, plus qu'en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas ou aux Etats-Unis. Paradoxal pour un pays hostile à la mondialisation et toujours tenté par le protectionnisme. A noter surtout que les emplois créés par les entreprises qui s'installent en France (40 000 en 2006) sont largement plus importants que ceux perdus par les entreprises françaises qui délocalisent et qu'on peut chiffrer à un peu plus de 13 500 emplois industriels par an, soit 0,35 % des emplois détruits depuis 1995. A noter encore que 45 % des exportations françaises de biens sont en fait des exportations d'entreprises étrangères installées en France, ce qui rend problématique la notion de balance commerciale de la France.

Car, dans le même temps, les entreprises françaises ont largement réussi leurs implantations à l'étranger. En 1990, le stock d'investissements sortant de la France était d'un quart inférieur à celui de l'Allemagne. En 2006, il lui était supérieur de 7,5 %, faisant de la France le deuxième investisseur mondial à l'étranger. Là encore, la mondialisation a été positive, permettant aux entreprises françaises de télécommunications, d'énergie, d'alimentation ou d'environnement (Veolia et Saur) d'améliorer leurs performances. Ainsi, on peut estimer à 13-14 milliards d'euros le chiffre d'affaires des entreprises françaises implantées en Chine, soit le double de nos exportations de biens et de services vers la Chine. Un chiffre en phase avec le fait qu'en 2004 les implantations d'entreprises à l'étranger ont réalisé un chiffre d'affaires supérieur à 520 milliards d'euros, alors que les exportations ne représentaient que 340 milliards d'euros. On mesure à ces chiffres la faible signification de la balance commerciale et le formidable potentiel des entreprises françaises sur des marchés dont la croissance est très forte.

6. Le pain et le vin

Au XIIIe siècle, confronté à la puissance industrielle naissante du pays de son voisin Henri II d'Angleterre, le roi de France Louis VII aurait dit : « Nous, nous n'avons que du pain, du vin et de la joie... » Hors la joie, qui a quitté une majorité de Français, il nous reste le pain et le vin. Curieusement absentes de la plupart des rapports sur la mondialisation et, bien évidemment, des plans de relance du gouvernement, l'agriculture et l'industrie agroalimentaire françaises sont pourtant les plus performantes au monde. Alors que la Terre va sur ses 9 milliards d'habitants à l'horizon 2050 et que la demande de nourriture va croître, la situation climatique et pédologique exceptionnelle du territoire français, en particulier celle du Bassin parisien-une des plus grandes plaines à blé au monde-, une capacité remarquable pour la production de viandes, de lait et de fromages, de fruits et de légumes, et surtout de vin, font de la France la deuxième ou troisième puissance agricole mondiale. En 2008, le solde commercial a été positif de 9 milliards d'euros, alors que le solde commercial de l'industrie automobile a été déficitaire de 3,4 milliards d'euros. A elles seules, les exportations de vin, qui représentaient plus de 30 % des exportations mondiales il y a quinze ans, contre 17 % aujourd'hui, assurent toutefois, chaque année, l'équivalent des ventes de 147 Airbus A320 ou de 273 TGV. Autant dire qu'elles mériteraient autant sinon plus d'attention et de soutien que l'industrie automobile... Considérée par la plupart des experts comme une activité du passé, l'agriculture est en fait un secteur de haute technologie animée de plus en plus par de jeunes managers agricoles que complète une petite agriculture à vocation écologique et territoriale.

7. La culture, une arme anticrise

Lieux de réflexion ou d'évasion, les espaces de culture ou de loisirs ne connaissent pas la crise. Mieux, dans la mesure où ces périodes d'incertitude sont aussi des périodes de questionnement, les lieux artistiques sont les endroits privilégiés pour y trouver des réponses ou des refuges. Selon un sondage réalisé entre le 13 et le 22 octobre 2008, 42 % des Français veulent consommer davantage de biens culturels alors qu'ils dépensent déjà en moyenne 1 025 euros par an en sorties culturelles. Une bonne nouvelle pour une branche d'activité qui réalise plus de 40 milliards d'euros de chiffre d'affaires et emploie plus de 470 000 personnes, soit un nombre équivalant à celui du commerce de l'automobile. A l'Opéra de Paris, la fréquentation dépasse les prévisions, pourtant prévues à la hausse en 2008. A Versailles, Jeff Koons a attiré 200 000 visiteurs en moins de deux mois. Au Grand Palais, l'exposition Picasso (13,50 euros l'entrée) a reçu plus de 780 000 personnes. Disneyland Paris ne désemplit pas.

Au cours de l'année 2008, les salles de cinéma en France ont vendu 188,8 millions d'entrées, en hausse de 6,7 % par rapport à 2007. En cinq jours, du 4 au 9 février, en pleine « bulle dépressive », les spectateurs ont été 1 839 799 à fréquenter les salles obscures.

Mieux, le cinéma français, qui est le seul en Europe à conserver plus de 40 % de son marché (45,7 % en 2008, contre 28,5 % en 2000), s'est particulièrement bien exporté en 2008, avec près de 80 millions d'entrées, contre 38 millions en 2000, les trois principaux importateurs de films français étant l'Allemagne, l'Italie et le Japon. (...)

8. Un capitalisme à deux têtes

Le classement des sociétés du CAC 40 dans le monde a aussi de quoi surprendre les « déclinistes » français. Ainsi, parmi les 500 premières entreprises mondiales, recensées par le magazine Fortune , 39 sont françaises, plaçant la France au deuxième rang, derrière les Etats-Unis mais devant la Grande-Bretagne, qui en classe 38, et l'Allemagne, 32. (...)


9. Un pays de fourmis

Ce n'est pas en France que l'excès d'endettement des ménages modestes aurait pu provoquer la crise des subprimes qui s'est récemment propagée dans le monde. Alors que la dette des ménages américains est passée de 85 % du PIB en 2000 à 116 % en 2007, celle des ménages français ne dépasse pas 50 %. La vie à crédit, de l'autre côté de l'Atlantique. Un pays de fourmis, de ce côté. C'est en France, en effet, que le taux d'épargne des ménages est le plus élevé. En moyenne de 15 à 16 % du revenu, alors qu'il est de 3 % aux Etats-Unis, de 5 % au Royaume-Uni, de 11 % en Espagne et de 10 % en Allemagne. Ce qui, en période de croissance, peut être interprété comme un manque de confiance dans l'avenir devient un formidable amortisseur en période de crise. (...)
Cet effort d'épargne continu depuis une trentaine d'années a fait des Français l'un des peuples les plus riches au monde ! Avec un patrimoine net par habitant égal à près de 144 000 euros, ils se placeraient derrière le Japon (205 000 euros) et l'Irlande (148 000 euros), mais largement devant les Etats-Unis (128 000 euros) et l'Allemagne (90 000 euros).(...)

10. France, terre de luxe

En moins de vingt ans, grâce à la mondialisation qui effraie tant une majorité de Français, quelque 400 millions de Chinois, d'Indiens, de Brésiliens, avec d'autres, sont sortis de la pauvreté. Autant de nouveaux clients pour les produits de luxe français. Dans un classement réalisé pour la première fois par Interbrand, une entreprise spécialisée dans la création et la gestion des marques, Louis Vuitton-le vaisseau amiral du groupe LVMH-s'impose nettement comme la première marque mondiale du luxe. Mais, ensemble, cinq marques françaises représentent 53 % de la valeur totale des quinze premières griffes mondiales, contre 28 % pour les six marques italiennes. Derrière Vuitton, les premières places du palmarès sont tenues par Gucci (groupe PPR), Chanel et l'horloger suisse Rolex. Le groupe familial Hermès s'installe, lui, à la cinquième place.

Même si le luxe n'échappera pas à la crise, les réserves de croissance que constitue la clientèle des pays émergents font de l'industrie du luxe française, qui emploie plus de 80 000 personnes, un atout de premier ordre pour l'avenir. En Chine, on estime que les « high net worth individuals » (les individus à fort potentiel économique) s'élèvent à 415 000, soit plus qu'en Russie, en Inde et au Brésil réunis. Ce pays, dans lequel Vuitton vient d'ouvrir son vingt-septième magasin, pourrait ainsi devenir pour les marques françaises un nouveau Japon. Un signe ? Depuis un an, l'action Hermès a progressé de 16 %, alors que l'indice CAC 40 a reculé de 35 % sur la même période. Les ventes de ses mythiques sacs Kelly et Birkin, proposés à partir de 4 300 euros pièce, ont progressé de 14 % au dernier trimestre 2008, en dépit des turbulences de la crise financière.

En 1972, lors d'une conférence de presse télévisée, Georges Pompidou s'était écrié : « Chère vieille France, la bonne cuisine, la haute couture et les bonnes exportations du cognac, du champagne et même du bordeaux ou du bourgogne, c'est terminé. La France a commencé et largement entamé une révolution industrielle. » C'était, à l'époque où l'on inaugurait Fos-sur-Mer, ravaler l'industrie du luxe au rang d'antiquité aimable et en faire le symbole de la frivolité française. Une vision industrialiste qui gangrène encore les esprits de ceux qui nous gouvernent et les empêchent de prendre en compte les atouts « naturels » d'un pays qui doit au luxe la force de sa « marque » dans le monde. En 1851, à l'occasion de l'Exposition universelle de Londres, l'économiste Adolphe Blanqui en avait pris la mesure qui écrivit : « La véritable prospérité de notre pays repose sur le développement progressif de ses industries naturelles, c'est-à-dire de tous les arts sur lesquels l'habileté de la main et la pureté du goût peuvent exercer leur influence. »

11. Destination France

C'est aussi l'attractivité de cette « chère vieille France » qui explique le fait que notre pays détient la première place mondiale dans l'industrie du tourisme avec près de 82 millions d'arrivées de touristes internationaux, en croissance de 4 % par an depuis 2005. Contrairement à ce que croit notre président de la République, ce n'est pas l'industrie automobile qui est le premier employeur de France, mais le tourisme, qui assure un excédent de la balance des services de plus de 10 milliards d'euros, emploie près de 2 millions de salariés et pourrait créer entre 300 000 et 600 000 emplois supplémentaires.

A condition toutefois de tout faire pour valoriser la « marque » France et assurer à l'étranger la promotion d'une histoire, d'un patrimoine, d'une gastronomie et d'une variété de paysages exceptionnels. Avec 8,3 millions de visiteurs en 2006, le Louvre est le deuxième musée le plus visité au monde, derrière le National Air and Space Museum de Washington et devant le British Museum. Le Centre Pompidou est le musée d'art contemporain le plus fréquenté de la planète. La France possède sur son territoire plus de 30 sites inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco, contre 40 sites en Italie, qui occupe la première place.

Dans les vingt prochaines années, on estime à 1 million le nombre de Chinois qui se rendront en France, des touristes qui sont parmi les plus dépensiers au monde. Paris est aujourd'hui la première place mondiale pour l'organisation des foires, congrès et Salons internationaux (294 en 2006 avec plus de 50 000 emplois). Un tourisme d'affaires hautement rémunérateur qui représente aujourd'hui 40 % de l'occupation hôtelière de la région Ile-de-France et entre 25 et 33 % du chiffre d'affaires global du secteur tourisme de la région. A Cannes, les 500 000 congressistes recensés chaque année pèsent en chiffre d'affaires plus que les 2 millions de touristes estivaux. La ville estime à 830 millions d'euros les recettes de cette activité congrès (354 millions à Lyon et 157 à Bordeaux), qui est susceptible de mobiliser 16 500 emplois, dont 3 000 ne sont pas pourvus. L'exemple récent de Marseille, qui a favorisé le développement de flux aériens supplémentaires, est éloquent : 1,5 million de voyageurs internationaux nouveaux en seulement une année.

Autant d'atouts pour la France qui ne figurent pas dans le plan de relance.

12. L'édredon social

Enfin, les Français peuvent s'appuyer plus que d'autres sur l'édredon protecteur d'un Etat qui emploie directement ou indirectement plus de 5 millions de fonctionnaires, dont le nombre, trop élevé en période où il faut lâcher les chevaux de la croissance, est un amortisseur de premier ordre quand il faut réduire la voilure. Avec 31,1 % de dépenses totales de protection sociale en pourcentage du PIB, la France est de loin le pays du monde qui protège le mieux ses citoyens. Devant la Suède (30,7 %), la Belgique (30,1 %), les Pays-Bas (29,3 %), le Danemark (29,1 %), l'Allemagne (28,7 %) (...)

Des sommes qui devraient être rappelées à l'occasion de chaque mouvement social pour montrer qu'il n'est nul besoin de relancer la consommation en France tant l'Etat-providence y pourvoit déjà largement plus qu'ailleurs. Des sommes qui font écrire dans Newsweek (19 janvier) à l'économiste allemand Holger Schmieding, travaillant pour la Bank of America, que la France est même « le dernier modèle debout ». Le seul à ne pas avoir été mis à mal par le surendettement à l'anglo-saxonne (...)

En fait, la seule chose qui manque aujourd'hui aux Français, c'est le moral et la confiance dans les atouts du pays. Ce pays si hostile à la mondialisation est en fait celui qui en a tiré les plus grands avantages. Ce pays si hostile aux entreprises est aussi celui qui a su les propulser aux tout premiers rangs du monde. Ce pays si méfiant à l'égard de tout plombier polonais est également celui dont les salariés travaillent le plus pour des firmes étrangères.

(...)

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