mercredi 7 octobre 2009

La présence juive ancienne au Sahara et dans toute l’Afrique de l’Ouest

Communication de Jacob Oliel, enseignant chercheur.

En préambule, Jacob Oliel rappelle que les liens entre le monde hébraïque et l’Afrique sont très anciens et remontent au temps biblique par le biais de l’Egypte. Il propose de s’interroger sur l’origine et le moment des incursions juives en Afrique de l’Ouest et au Sahara.

Une communauté juive est attestée à Eléphantine dès le Ve siècle avant JC.


La présence juive résulte d’incursions volontaires (commerce) ou involontaires (déportations et esclavage).

En effet, au temps de Salomon, on trouve des traces de liens commerciaux entre les Sépharades ( venus d’Espagne) et les gens d’Afrique du nord. Par ailleurs, des Juifs accompagnent les navigateurs phéniciens au Maghreb.

Au temps des déportations de Babylone, les élites dont le prophète Ezéchiel ainsi que de nombreux juifs fuyant les persécutions, se dirigent vers l’ouest en passant par l’Egypte. Certains s’installent en Afrique du nord, ce dont témoignent des chants et des poèmes qui ignorent le deuxième temple ou la présence de petites communautés s’appelant Jérusalem, persuadées que Jérusalem a été détruite définitivement.

Au IIIe siècle avant JC, les invasions grecques accélèrent l’exil. Puis au IIe siècle avant JC, les romains déportent de nombreux juifs mais essentiellement des hommes qui ne reconstituent pas de véritables communautés religieuses.

La plus ancienne synagogue retrouvée en Afrique du Nord est située au sud de Tunis (témoignage de quelques mosaïques et de lampes à huile).

En l’an 70, Titus fait détruire le second Temple et c’est la grande dispersion: la Diaspora.
De nombreux groupes fuient la répression vers la Libye (création de la communauté de Cyrénaïque) et vers l’Ouest notamment au Maroc où l’on a retrouvé des nécropoles datant du II et IIIe siècle.

En l’an 115, les romains tentent de limiter les libertés religieuses des Juifs et de repousser au limes les berbères. Juifs et Berbères s’allient alors contre les romains qu’ils repoussent. Une nouvelle offensive romaine en 118, dévastatrice, pousse Juifs et Berbères vers l’ouest et le désert. Certaines communautés s’y arrêtent. Les groupes se fractionnent et sont désormais présents dans tout le Maghreb. Parallèlement à cette dispersion, les communautés se renforcent.

En 643, la conquête musulmane commence et en 682 toute l’Afrique du Nord est soumise. L’islamisation des populations se fait petit à petit. Cela marque le déclin du judaïsme en Afrique du Nord. Or d’après saint Augustin, au moment de la conquête musulmane, la majeure partie de la population d’Afrique du Nord était de confession juive. Seules quelques communautés subsistent, notamment celle du Touat dans le sud marocain. Région abondante en eau, à la confluence de rivières, elle est réputée pour sa grande richesse due au commerce caravanier. Des lettres datées de 1235 attestent de la présence de commanditaires Juifs dans la région. La communauté est détruite en 1492, à la suite d’une poussée intégriste.

La présence juive est donc attestée un peu partout, même plus au sud puisque au XXe siècle des colonisateurs français retrouvent des tribus d’origine juive en Mauritanie (groupes pêcheurs à la technique particulière de pêche au dauphin), ce qui corrobore les témoignages des auteurs et voyageurs musulmans comme El Idrissi. Il y a aussi des communautés juives dans le delta du Niger.

Aujourd’hui, de nombreux Juifs portent des noms berbères (comme Afflelou) ou inversement des berbères au nom juif comme Amar (vient d’Abraham), Maïmoun, Touati, Zenati… Les siècles d’islamisation laissent peu de place aux témoignages archéologiques (ex de l’Algérie où les derniers Juifs partent en 1962 et aujourd’hui il n’y a plus de traces de leur passage sauf à Alger et Tlemcen).

Fabrice Angevin professeur au collège Jean Vilar - Les Mureaux

http://hgc.ac-creteil.fr/spip/La-presence-juive-ancienne-au

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