lundi 12 novembre 2007

Traduction exigée du passeport en Libye

Les autorités de Tripoli ont exigé de 172 passagers en provenance de Paris qu'ils présentent un passeport traduit en arabe pour entrer sur le territoire libyen. Une formalité qui n'était pas prévue jusqu'à présent. La France dit se concerter avec ses partenaires européens pour "obtenir des clarifications" de la part du régime du président Kadhafi. En attendant, elle conseille à ses ressortissants de ne pas se rendre en Libye.

http://www.europe1.fr/informations/articles/762603/un-passeport-en-arabe--nouveau-sesame-surprise-en-libye.html

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Passeport en arabe et expurgé, s’il vous plait !

Les voyageurs français en partance pour les pays arabes sont l’objet de toutes les attentions.

Un vol pour la Libye en provenance de Paris a été contraint dimanche de rebrousser chemin avec ses 172 passagers, qui se sont vu interdire de débarquer de l'avion au motif qu'ils n'étaient pas munis d'une traduction arabe de leur passeport (AFP, Reuters).

Ce serait donc nouveau en Libye. Pas tellement puisqu'il parait que cette habitude date des années 70 et était tombé en désuétude*. En tout cas, cela n’a absolument rien à voir avec l’audition des infirmières bulgares par une commission parlementaire, promis juré !

"Les autorités veulent que les passeports soient traduits en arabe, au titre d'une nouvelle législation qui serait entrée en vigueur" ce dimanche, a expliqué à l'AFP un représentant de la compagnie aérienne.

Aucun des 172 passagers, tous Français, ne remplissant cette obligation, les autorités ont refusé de les laisser descendre de l'avion. "Ils ont été intransigeants", a regretté le représentant d'Air Méditerranée.

Certes, comme le dit le quai d’Orsay à quelques semaines de la visite de Kadhafi en France "Nos représentants sur place suivent cette affaire. Tout est en train de rentrer dans l'ordre. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter".

Autres pays, autres exigences

Une dépêche de l’agence Guysen (merci à elle) faisait état le 7 novembre d’un autre ennui concernant cette fois des parlementaires européens.

Une délégation du Parlement européen devait se rendre les 3 et 4 novembre en Syrie et au Liban. A l’instar de l’Arabie Saoudite et de la Libye (lire), ces deux pays refusent de recevoir désormais quiconque porte sur son passeport un visa israélien.

Ceci n’a rien à voir avec la proximité de l’élection présidentielle libanaise pour laquelle l’intervention européenne est mal vécue. Promis juré !

''Les fonctionnaires de la commission Affaires étrangères du Parlement européen viennent de diffuser un mail a priori purement administratif. Ils précisent aux membres de la délégation qui doit se rendre les 3 et 4 novembre en Syrie et au Liban que leur passeport ne peut en aucun cas comporter de visa israélien''.

L’eurodéputé belge Frédérique Ries, « s’est immédiatement adressée au président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, pour dénoncer ce type d'exigences contraires à nos pratiques et nos valeurs''.

Elle ''demande qu'une réaction au plus haut niveau soit envisagée pour le faire savoir aux pays concernés et leur demander d'y mettre fin''.

Elle ''trouve totalement inacceptable que nous permettions que des pays Euromed, avec lesquels en outre nous avons signé des accords d'association, spécifient que les passeports de députés appartenant à une délégation officielle de l'Union européenne ne puissent porter de cachet israélien".

Perte de souveraineté

Le passeport est le symbole d’une nation. Il est plus qu’un papier. Il est une marque de confiance, certes temporaire, qui notifie la souveraineté du pays qui l’octroie. Nulle autre nation ne peut en exiger le changement, ne peut inciter à sa modification sans attenter à cette pleine et entière souveraineté.

Sans ces notions juridiques de base, il n’est plus d’échange possible. Un recul des autorités européennes sur ce point signifierait la fin de toute collaboration entre pays de par le monde.

De plus, et Frédérique Riès le note avec beaucoup d’à propos, « Nous ne saurions laisser les autorités de ces pays tiers décider des déplacements que nous pouvons ou non effectuer. Nous ne saurions les laisser décider à notre place de la politique étrangère que nous souhaitons mener. Il y va du respect de notre liberté de mouvement et de notre liberté de pensée''.

Liberté de penser ? Que voilà donc un étrange concept ! disent en chœur certains pays sous gouvernance islamiste.

Ces deux affaires, coup sur coup, sont graves et significatives. Le grignotage systématique des acquis de la civilisation est une tactique qui peut se révéler payante. C’est ce que nous verrons à l’usage.

Primo, 12 novembre 2007

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